Les machines agricoles

Mon père a été parmi les premiers à recevoir après la guerre des machines agricoles venant en caisse des États-Unis, dans le cadre du plan Marshall. Les tracteurs, les faucheuses, les botteleuses, les râteleuses arrivaient en caisses de résineux du Canada. Elles sentaient extraordinairement bon et la résine était rouge. Les pièces étaient peintes dans les couleurs primaires, rouge, bleu, jaune. Elles étaient emballées dans des sachets et portaient souvent des étiquettes d’identification en métal. Elles étaient reliées entre elles par du fil de fer grossier peint de la même couleur que les pièces. La manière dont le fil avait été découpé rendait ses extrémités dangereuses. Je me suis assez gravement blessé à un mollet en ayant heurté malencontreusement l’un de ces fils. 

Le point d’intérêt aujourd’hui tient dans deux choses. 

La première, mon père récupérait le bois des caisses pour créer des meubles de rangement et même des meubles (son bureau par exemple malheureusement pas conservé).  La seconde, nous possédons une collection considérable de pièces détachées qui valent pour leur ensemble, mais aussi pour leur beauté, leur originalité et même leur fonctionnalité dans de multiples exercices de détournement. Ce sont surtout des pièces de barres de coupe, des sections de barres de coupe pour les faucheuses, des rivets pour leur assemblage, des barres de coupe elles-mêmes, des socs de charrues, des rasettes, des dents de faneuses, des lames de herses…