La maréchalerie
Mon grand-père aimait les chevaux. Il avait été incorporé dans un régiment de dragons au cours de la première guerre mondiale et avait combattu à Verdun. Son frère Jules Millet était décédé au Chemin des Dames. Il l’évoquait fréquemment en lui vouant une grande admiration pour ses qualités professionnelles. Entendre cette marque d’intérêt qui investit et superpose l’affection forge le caractère de l’enfant qui y porte attention.
Lorsque les haras d’Annecy venaient avec leurs étalons pour les saillies du canton, le palefrenier faisait dès son arrivée une visite à mon grand-père. Il m’emmenait avec lui voir les bêtes au Carouge, où ils avaient leurs quartiers.
Nous avons gardé l’ensemble des outillages pour fabriquer les clous à ferrer, pour ferrer, pour soigner les différentes maladies de la sole du pied du cheval ; spécialement le crapaud. Les accessoires de « torture » aussi comme le tord-nez qui visait à maîtriser les bêtes rétives par la douleur ; le coupe-queue qui était censé mettre en valeur la croupe de l’animal et encore la pince à castrer ! Un magnifique bâton de buis, de la forme en plus petit d’une batte de base-ball, permettait, par des petits coups successifs, de faire gonfler la veine jugulaire avant une prise de sang. Pour les personnes intéressées par ce métier, nous conseillons mon livre Dis pépé raconte nous une histoire de quand tu étais petit » chroniques de la France d’en bas 1946-1956. Un chapitre entier est consacré au ferrage des chevaux.